Depuis quelques jours, la commune de Saint-Maurice-des-Lions a décidé de tester l’écopâturage sur près de 4,5 hectares de terrains communaux. Une convention « gagnant-gagnant » entre la mairie et Martine Carrier, agricultrice et éleveuse installée depuis début 2019 sur la commune, au lieu-dit « La Pagne ».
« Tout le monde y gagne. Nous, en évitant d’avoir à entretenir ces terrains, et l’éleveuse qui profite pour ses bêtes d’une herbe grasse et généreuse », souligne David Chevalier, le maire de la commune qui voit dans cet éco-pâturage « une démarche écologique, responsable et économique. C’est un entretien silencieux et les habitants sont plutôt contents de voir des animaux sur ces terrains. »
Les zones concernées se trouvent aux abords du Moulin de la Cour où la commune a aménagé un gîte et deux logements locatifs, à côté des lagunes de la station d’épuration et dans plusieurs villages. « On a signé une première convention pour six mois, l’idée étant de pérenniser cet éco-pâturage », ajoute le maire. Pour l’instant une dizaine de brebis en profitent, elles pourront être une quarantaine à entretenir les terrains communaux.
Pour Martine Carrier, 53 ans, devenue agricultrice dans le cadre d’une reconversion professionnelle après quinze années au volant de poids lourds à travers l’Europe, l’initiative coulait de source :« L’éco-pâturage est une activité ancestrale qui prend une nouvelle importance aujourd’hui. L’idée n’est pas d’emmener mes brebis trop loin, d’ailleurs je les rentre tous les soirs. »
« Changement de vie »
Dans sa ferme, Martine Carrier, originaire du Pas de Calais, élèves brebis et agneaux, des poules pondeuses, elle développe une activité de maraîchage et de production de fruits. « Un vrai changement de vie. La vie sur la route m’a usée. J’ai passé un brevet professionnel responsable d’entreprise agricole au lycée agricole de Saint-Yrieix-la-Perche et j’ai ensuite cherché une ferme pendant plus d’un an. Quand j’ai vu la propriété à Saint-Maurice, je suis tombée amoureuse de ce coin de verdure vallonné. Je me suis dit, c’est ici. »
L’agricultrice qui fut pigiste au quotidien Nord-Eclair, et a travaillé dans une radio dans les années 1980, vend ses fruits et légumes dans plusieurs commerces et restaurants du secteur ; à la ferme aussi. Son mari s’est installé avec elle et ses enfants se sont rapprochés de la Charente. La ferme propose deux stationnements aux camping-cars de passage, via le site France passion. : « C’est gratuit mais ça permet des rencontres, de faire découvrir notre belle région. »
La ferme s’inscrit dans une agriculture paysanne et durable : « Notre démarche est bio même si nous n’avons pas le label. L’éco-pâturage s’inscrit parfaitement dans cet élan. Mes moutons consomment 90 % d’herbe toute l’année, grâce à cette convention c’est aussi pour nous l’accès à une ressource de très bonne qualité. Après un démarrage timide, la végétation a explosé ces derniers jours. Au lieu de gaspiller ces déchets verts, mes brebis se régalent. »